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Pollution sonore et atmosphérique : répercussions sur la santé des communautés locales et du personnel
L’augmentation de l’activité de l’aéroport de Lille induite par son extension n’est pas sans conséquences sur la santé des travailleurs et travailleuses, ainsi que des populations locales. Aucune mesure n’est prévue à ce jour pour faire face à l’augmentation du trafic aérien envisagé par Aéroport De Lille.
La pollution sonore
Celles et ceux qui se sont déjà posté·es à proximité d’un aéroport le savent : un avion, c’est bruyant. Ça l’est d’autant plus lors de ses décollage et atterrissage. La gêne sonore est importante de jour comme de nuit, et on ne s’y habitue jamais. Mais il ne s’agit pas que d’un désagrément, aussi pénible soit-il. Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique, que la littérature scientifique documente à de multiples reprises, que les médecins appellent à sérieusement considérer, et que de nombreuses recommandations encadrent déjà. Il est plus que nécessaire de les respecter en prenant des mesures efficaces telles que celles proposées par les auteur·ices des études scientifiques, à l’instar du plafonnement du trafic aérien et couvre-feu.1Xie J, Zhu L, Lee HM. Aircraft Noise Reduction Strategies and Analysis of the Effects. Int J Environ Res Public Health. 2023 Jan 11
2e cause environnementale de morbidité selon l’OMS …
Si la pollution de l’air peut passer inaperçue et nuire à la santé en catimini (voir article dédié), la pollution sonore, elle, ne se fait pas oublier. Au delà de son omniprésence dans le quotidien de celles et ceux qui en sont victimes, elle est, selon l’OMS, la deuxième cause de morbidité (derrière la pollution atmosphérique justement) parmi les facteurs de risques environnementaux en Europe. Tout un éventail de problèmes de santé physique et mentale, répertoriés par de nombreuses études médicales, est en effet causé par le bruit incessant des avions qui décollent et atterrissent sur le tarmac, ainsi que par les réseaux routiers qui desservent les aéroports. Pour n’en citer que quelques-uns : perte auditive2How the World Hears : World Hearing Index 2021 and the impact of COVID-19. Mimi Hearing Technologies, hypertension3Is aircraft noise exposure associated with cardiovascular disease and hypertension? Results from a cohort study in Athens, Greece. Occup Environ Med. 2017 Nov, maladies cardiovasculaires4Aczalska J, Wojciechowska W, Rojek M, Hahad O, Daiber A, Münzel T, Rajzer M. Cardiovascular consequences of aircraft noise exposure. Front Public Health. 2022 Dec 2(comme l’infarctus du myocarde)5Aircraft noise exposure induces pro-inflammatory vascular conditioning and amplifies vascular dysfunction and impairment of cardiac function after myocardial infarction. Cardiovasc Res. 2023 Jan 26, diabète sucré6Liu C, Li W, Chen X, Liu M, Zuo L, Chen L, Chen H, Xu W, Hao G. Dose-response association between transportation noise exposure and type 2 diabetes: A systematic review and meta-analysis of prospective cohort studies. Diabetes Metab Res Rev. 2023 Feb, déficit de sommeil (et toute ses conséquences)7Smith MG, Cordoza M, Basner M. Environmental Noise and Effects on Sleep: An Update to the WHO Systematic Review and Meta-Analysis. Environ Health Perspect. 2022 Jul,dépression, stress, anxiété, troubles affectifs et démence8Daiber A, Frenis K, Kuntic M, Li H, Wolf E, Kilgallen AB, Lecour S, Van Laake LW, Schulz R, Hahad O, Münzel T. Redox Regulatory Changes of Circadian Rhythm by the Environmental Risk Factors Traffic Noise and Air Pollution. Antioxid Redox Signal. 2022 Oct ont été mis en évidence. On relève même une forte incidence de la pollution sonore des aéroports sur la mortalité prématurée et une perte significative du nombre d’années de vie en bonne santé (jusqu’à 3 ans de vie en bonne santé pour les communes les plus exposées, selon une étude datant de février 2019 menée par l’Observatoire du bruit)9Impacts sanitaires du bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France. Bruitparif. Février 2019.
Cette pollution sonore, déjà source de souffrance pour bien trop de nos concitoyen·nes aux abords de l’aéroport de Lille-Lesquin, ne serait qu’amplifiée par l’augmentation du trafic aérien (de 17% en 20 ans), et par répercussion, du trafic routier (de 32% en 20 ans).
L’appel à la raison des personnels de santé français …
Fin 2022, plus d’une centaine de soignant·es ont co-signé une tribune au Monde, alertant sur la pollution sonore des aéroports français. Voici ce qu’ils et elles y exposent : « Selon l’étude DEBATS18Incident hypertension in relation to aircraft noise exposure: results of the DEBATS longitudinal study in France. Occup Environ Med. 2022 Apr, la surexposition au bruit aérien fait exploser les maladies cardiovasculaires avec, pour chaque augmentation de 10 décibels, un surcroît de mortalité évalué à 18 % et allant jusqu’à 28 % pour l’infarctus du myocarde. C’est l’espérance de vie qui est menacée avec, en première ligne, les populations riveraines des aéroports.» Les conséquences sur les dépenses de santé sont par ailleurs tout sauf négligeables. L’ADEME les évalue à 147 milliards d’euros annuels en France19147 milliards d’euros: c’est le coût social du bruit en France, par an ! – ADEME Presse.
L’avis des français …
Ces lourds impacts sont loin d’être méconnus du grand public. Cela s’observe entre autres dans cette enquête IFOP de 2006, commandée par Air France, dans laquelle les personnes interrogées plaçaient la pollution sonore largement en tête des risques et nuisances les plus graves que représentent un aéroport comme Roissy pour ses riverain·-es. Ces statistiques, datant de près de 20 ans, se vérifient aujourd’hui d’autant plus que les confinements sont passés par là. Les Français·es ont redécouvert l’importance du silence pour leur équilibre et ne souhaitent pas renouer, de ce point de vue, avec la « vie d’avant ». Selon une enquête de juillet 2020 du CidB (Centre d’information sur le Bruit), 57 % des répondant·es s’estiment aujourd’hui plus sensibles à la qualité de l’environnement sonore qu’auparavant. Aussi, 60 % des personnes les moins sensibles à leur environnement sonore avant le confinement le sont devenues après.
Préconisations de l’ONU
D’après le rapport Frontières 2022 de l’ONU cette fois, « la réduction du bruit est une question de santé publique et il est devenu impératif de créer et de préserver davantage d’espaces calmes afin d’offrir aux habitant·.es des paysages sonores urbains agréables. (…) Les mesures d’atténuation du bruit n’ont pas toutes la même efficacité. La réduction des émissions à la source s’avère la plus efficace, notamment la restriction du flux ou de la fréquence du trafic et l’utilisation de moteurs plus silencieux ». Mieux vaut donc réduire le nombre d’avions que concentrer tous les efforts sur les travaux d’isolation phonique.
En ce sens, pour lutter contre les nuisances sonores de Lille-Lesquin, l’Autorité environnementale (AE) préconise l’installation d’un couvre-feu de 7 heures, comme c’est déjà le cas dans de nombreux aéroports européens (127 recensés par Boeing Company22Airport Compatibility – Airport Planning and Engineering Services (boeing.com)). Elle recommande, en outre, l’analyse de la population couverte par un volume sonore quotidien supérieur à 45 dB(A), niveau de bruit aérien moyen maximal préconisé par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Comme le montrent les cartes de l’étude d’impact ci-dessus (à gauche, évaluation des niveaux de bruit en 2019 ; à droite, estimation optimiste pour 2039), même si l’hypothèse la plus optimiste d’une faible augmentation du nombre de vols se vérifiait et si des progrès technologiques rendaient les aéronefs moins bruyants, la zone concernée par un niveau supérieur à 45 dB(A) serait à peine réduite23Etude d’impact acoustique. Annexe Carte des niveaux de bruits avant et après le projet. Ceci s’explique notamment par l’addition des décibels en présence de plusieurs avions, et donc l’élévation moyenne des émissions sonores lorsqu’ils deviennent plus nombreux, quels que soient les performances techniques espérées des futurs aéronefs.
Par ailleurs, Aéroport De Lille a remplacé le couvre-feu par la gratuité du parking nocturne pour avions, afin d’inciter les compagnies à y laisser les avions au sol la nuit, sans aucune obligation à la charge de celles-ci. De toute évidence, nous sommes loin des recommandations de l’AE, de l’ONU, de l’OMS et des scientifiques spécialistes du sujet. Il est pourtant impératif de s’y conformer, à commencer par la mise en place d’un couvre-feu la nuit et d’un plafonnement du trafic le jour.
La pollution atmosphérique
Le projet d’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin amplifierait dans son élan l’impact, déjà subi par des milliers de personnes, de la pollution atmosphérique due aux nanoparticules émises par les réacteurs. Ce projet contrevient clairement aux préconisations scientifiques et aux objectifs formulés par la MEL.
Etude scientifique …
Outre la problématique de la qualité de l’eau, la qualité de l’air est également menacée. En effet, les nanoparticules émises par les réacteurs ont un effet de la même nature que celui des moteurs diesel des voitures. Selon une récente étude de l’Université de Berne24Jonsdottir, H.R., Delaval, M., Leni, Z. et al.Non-volatile particle emissions from aircraft turbine engines at ground-idle induce oxidative stress in bronchial cells. Commun Biol 2, 90 (2019), « les émissions des moteurs d’avions commerciaux ont un impact substantiel sur la pollution atmosphérique locale et mondiale et sont particulièrement préoccupantes pour les personnes travaillant dans les aéroports, ainsi que pour les résidents locaux ». Plus grave encore, il est dit dans cette même étude que les réactions les plus marquées au niveau cellulaire sont obtenues lorsque les réacteurs sont au ralenti, soit quand les employé·es et résident·es sont au plus proche de ces derniers.
Conséquences sur la santé …
Voici quelques exemples des conséquences sanitaires de l’exposition aux particules fines : La pollution atmosphérique est en cause dans la survenue de naissances prématurées 26Wing SE, Larson TV, Hudda N, Boonyarattaphan S, Fruin S, Ritz B. Preterm Birth among Infants Exposed to in Utero Ultrafine Particles from Aircraft Emissions. Environ Health Perspect. 2020 Apr. De plus, sa combinaison avec la pollution sonore induite par les avions amplifierait ce phénomène27Wing SE, Larson TV, Hudda N, Boonyarattaphan S, Del Rosario I, Fruin S, Ritz B. Aircraft noise and vehicle traffic-related air pollution interact to affect preterm birth risk in Los Angeles, California. Sci Total Environ. 2022 Jul. On a pu également établir un lien direct entre la pollution par particules ultra-fines des aéronefs et l’amplification des réactions inflammatoires pulmonaires chez les adultes asthmatiques28Habre R, Zhou H, Eckel SP, Enebish T, Fruin S, Bastain T, Rappaport E, Gilliland F. Short-term effects of airport-associated ultrafine particle exposure on lung function and inflammation in adults with asthma. Environ Int. 2018 Sep. Aussi, tout comme la pollution sonore, la pollution atmosphérique active le signalement d’hormones du stress (telles que le cortisol), l’inflammation et le stress oxydatif29Daiber A, Frenis K, Kuntic M, Li H, Wolf E, Kilgallen AB, Lecour S, Van Laake LW, Schulz R, Hahad O, Münzel T. Redox Regulatory Changes of Circadian Rhythm by the Environmental Risk Factors Traffic Noise and Air Pollution. Antioxid Redox Signal. 2022 Oct. Ces éléments sont parmi les facteurs principaux de l’apparition de cancers, maladies neurodégénératives et cardiovasculaires, ainsi que psychopathologies.
Aggravation du trafic routier déjà saturé …
C’est sans compter l’augmentation du trafic automobile alentour et l’engorgement des réseaux routiers périphériques. Car, pour l’heure, aucune alternative de transport en commun n’a été validée par ADL et la Région, alors même que seulement 5% des voyageurs et voyageuses utilisent les navettes existantes pour se rendre à l’aéroport. Nous savons aussi que la réalisation de l’ « opération immobilière » envisagée en complément de l’agrandissement de l’aéroport, qui n’est que « suspendue » pour l’instant, et donc réalisable à terme, impliquerait une augmentation du trafic routier de 71%, ce qui serait réellement dramatique, notamment au vu de la saturation déjà bien réelle de l’autoroute A1.
À nouveau, ces estimations sont en totale contradiction avec la ligne de conduite que s’est fixée la MEL dans le PCAET34Plan Climat et Transition Énergétique, soit une diminution de 42 % des émissions de particules fines entre 2012 et 2030.
Nos revendications
Réduction du trafic aérien.
Couvre-feu la nuit entre 22 h et 6 h et plafonnement des vols pour ne pas reporter les vols en journée.
Campagnes de mesure et de suivi de la pollution sonore et atmosphérique avec information du public.