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Une vision économique très/trop optimiste et qui défavorise les riverain·es
D’après Aéroport de Lille, les travaux d’extension seraient justifiés pour permettre une augmentation du nombre de passager·ères. Cela répondrait à un besoin : une demande des usagers ? des compagnies aériennes ? une nécessité pour le développement économique de la région ? Pourtant, avec les contraintes du marché de l’énergie à l’avenir, même les projections les plus optimistes prévoient au mieux une possibilité d’augmentation de trafic très modérée (moins de 1% par an). Alors à qui ou à quoi servirait ce projet ?
Une rentabilité dépendante d’une augmentation du nombre de passager·es incertaine …
D’un point de vue purement économique, ADL manque de transparence et de rigueur sur ses estimations. Celles-ci paraissent plutôt relever de la spéculation voire de la loterie que de prévisions solides et fondées. L’étude socio-économique d’ADL transmise lors de l’enquête publique fait apparaître un taux de rentabilité interne de 19%1Enquête publique du projet d’extension – page 34.
Nous ne savons toujours pas exactement comment Aéroport de Lille a effectué ses projections économiques, ni si la société a pris en compte les facteurs limitants tels que les ressources pétrolières. Pourtant, ces projections dépendent de facteurs indépendants de la bonne volonté d’Aéroport de Lille. Ce sont principalement les compagnies aériennes qui ont un rôle déterminant sur l’emport (nombre de passager·ères par avion), la diversification des destinations et le remplacement de la flotte. De plus, celles-ci et Aéroport de Lille n’ont pas les mêmes intérêts économiques. Aéroport de Lille gagnerait à voir le nombre de vols augmenter pour que suivent les redevances aéroportuaires et donc ses recettes tandis que les compagnies préféreraient que leurs avions soient le plus remplis possible.
D’ailleurs, les conclusions de l’enquête publique affirment que l’offre d’Eiffage-AMP (Aéroport Marseille Provence) se “distinguait des deux autres concurrents par un nombre de mouvements très inférieur [aux autres] et ce en augmentant de 105 à 158 passager·ères par vol” d’ici 2039. Ainsi il est assez clair que le concessionnaire n’a pas mis en avant le développement de ses propres ressources financières que sont les redevances2Enquete publique du projet d’Aéroport de Lille page 25.
Des projections irréalistes en comparaison d’aéroports similaires …
De plus, en mettant en perspective notre seule situation nationale, on peut voir que les aéroports régionaux européens ont souvent des difficultés financières et ont besoin d’un soutien public conséquent pour rester opérationnels. En Allemagne, en 2019, il fallait 5 millions de passager·es par an pour qu’un aéroport atteigne le seuil de rentabilité, alors que la plupart des petits aéroports allemands, de gabarit comparable à celui de Lille-Lesquin, affichent des pertes5 Réseau action climat – Extensions d’aéroports : l’esquive du Gouvernement – 18/02/2021. Cela est facilement transposable au cas français. Dans cette réalité, l’hypothèse économique la plus optimiste visant des opérations rentables avec les 3,9 millions de passager·es annuels envisagés d’ici 2039 semble pour le moins irrationnelle.
A qui profite cette extension ?
Considérant l’étude socio économique citée dans les conclusions de l’enquête publique, on peut se demander qui sort gagnant ou perdant de ce projet.
Cette étude montre que la puissance publique et les riverain.es, deux entités identifiées physiquement, seront les deux perdantes de ce projet. Respectivement, il est prévu qu’ils perdent 53 millions et 6,7 millions d’euros. A contrario, les « usagers » et le « tourisme », les deux grands gagnants de ce projet (74,7 et 42,1 millions respectivement) sont quasi impossibles à identifier : le « tourisme » n’est pas une personne physique ; quant aux « usagers », comment savoir s’il s’agit des vacancier·es occasionnel·les, ou des entreprises de fret aérien, ou des hommes d’affaire et dans quelle proportion ? D’autre part, on peut supposer que le tourisme profitera surtout à l’économie de Lille, et non aux villes survolées, et davantage aux grandes entreprises qu’aux PME.
Dans tous les cas, cette étude montre que, en plus des nuisances causées par le trafic aérien, les riverain·es sont également perdant·es sur le plan économique.
Nos revendications
Les porteurs du projet d’agrandissement devraient fournir au public une étude économique détaillée et réaliste.
Intégrer dans le modèle économique le principe du pollueur-payeur et les changements de comportements des citoyen·nes face au changement climatique.
Limiter le projet aux opérations de mise en sécurité nécessaires et soutenables.