Une croissance du secteur aérien incompatible avec l’urgence climatique

Les rapports du GIEC se succèdent et ne cessent de préconiser la baisse du trafic aérien, émetteur majeur de gaz à effet de serre. Or pour la société Aéroport de Lille, ce projet d’extension permettrait de passer de 2 millions de passagers actuellement à 3,9 millions de passagers annuels en 2039 et à 4,7 millions en 2050 soit plus du double ! Aucune innovation technologique du secteur aérien ne peut répondre à l’urgence climatique. Il faut réduire le trafic aérien.

Augmentation des gaz à effet de serre

La crise climatique est déjà là. Si hier nous la prévoyions, nous la ressentons aujourd’hui sans contestation possible, et ses conséquences sont catastrophiques pour des milliards d’êtres humains. Nous le savons, les émissions de gaz à effet de serre (GES) comme le CO2 sont les principales mises en causes. Le GIEC est formel : l’activité humaine en est responsable et il convient d’agir, le plus vite et globalement possible, pour nous épargner les pires désastres. Il nous faut tout entreprendre pour diminuer nos émissions, drastiquement et durablement.

L’avion est donc aujourd’hui un contributeur important. Selon la DGAC (Direction Général de l’Aviation Civile), en 2019, le secteur aérien représentait 6,8% du total des émissions de CO2 de la France (en intégrant les vols internationaux dans les bilans)5 DGAC – Les émissions gazeuses liées au trafic aérien en France en 2020. Ce chiffre ne cesse de croître, et cette tendance est permise par les projets d’extension d’aéroports comme celui de Lille.

Selon les prévisions les plus optimistes de l’étude d’impact du projet, nous atteindrons à terme des hausses de respectivement 36% et 27% des émissions de CO2 et d’oxydes d’azote relativement à celles de Lille-Lesquin en 2019. Premièrement, nous n’avons pas accès au détail des calculs de ces estimations et ceux-ci sont indispensables pour en juger la pertinence. Aussi, les objectifs de la MEL, dont le bureau exécutif a approuvé le projet, sont pourtant tout autres : dans son PCAET (Plan Climat Air-Energie Territorial), adopté en 2021, elle a par exemple annoncé vouloir réduire spécifiquement de 45 % les émissions d’oxydes d’azote entre 2012 et 2030, de 45 % les GES (tous gaz confondus) entre 1990 et 2030, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ainsi, même si le scénario optimiste avancé par ADL venait à se produire, celui-ci serait largement en deçà des exigences du PCAET en vigueur.

5 leviers de décarbonation des transports. Aurélien Bigo, Institut Polytechnique de Paris

Un projet en contradiction avec les Accords de Paris et la Convention citoyenne pour le climat

Le projet d’extension de l’Aéroport de Lille ne suit ni les mesures ambitieuses proposées par la Convention citoyenne pour le climat, ni celles des Accords de Paris. Les objectifs de croissance que ce projet porte ne sont pas à la hauteur des mesures nécessaires face au dérèglement climatique.

Extrait du rapport de la convention citoyenne pour le climat

Le mirage de l’avion vert

Pour l’heure, le seul avion vert est celui qui ne vole pas. Il est déjà absurde et destructeur de maintenir le trafic aérien tel qu’il est aujourd’hui. Comment serait-il acceptable de promouvoir sa croissance ?


Nos revendications : moins d’avions, plus de trains

  • Interdire les nouveaux projets d’aéroports et les extensions d’aéroports existants, comme celui de Lille-Lesquin (respect de la proposition de loi de la Convention Citoyenne pour le Climat, Article 146 de la loi Climat et résilience de 2021)
  • Supprimer les vols qui concernent des destinations à moins de 4 h de train.
  • Taxer le kérosène et financer le développement du rail.
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